Accueil - Les articles

La sécurité au cœur du Business : un levier de croissance pour nos entreprises ?

Le colloque annuel du Club des Directeurs de Sécurité et de Sûreté des Entreprises (CDSE) se tenait le 18 décembre au siège de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) sur la thématique de « la sécurité au cœur du business ». Avec pour objectif, selon son président Stéphane Volant, du CDSE, de montrer que « Dans un monde instable et de plus en plus concurrentiel, la sécurité est aussi et surtout un élément essentiel au business et un véritable levier de croissance pour nos entreprises ». Moments clés à retenir.

Le colloque annuel du Club des Directeurs de Sécurité et de Sûreté des Entreprises (CDSE) se tenait le 18 décembre au siège de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) sur la thématique de « la sécurité au coeur du business ». Avec pour objectif, selon son président Stéphane Volant, du CDSE, de montrer que « Dans un monde instable et de plus en plus concurrentiel, la sécurité est aussi et surtout un élément essentiel au business et un véritable levier de croissance pour nos entreprises ». Moments clés à retenir.

Depuis longtemps la sécurité était perçue par les entreprises comme une fonction régalienne de l’Etat. Ce dernier était censé l’assurer et l’assumer pour la société et les acteurs économiques. Par conséquent, la sécurité du point de vue des entreprises représente encore un coût. Mais depuis les attentats de 2015, le regard des entreprises a changé sur la notion de la sécurité : elles en font un investissement, incontournable et peu à peu un avantage concurrentiel. C’est dans ce contexte que les acteurs institutionnels (ministère de l’intérieur, le MEDEF) et économiques notamment les chefs d’entreprises, le CDSE1 se sont réuni autour d’un colloque pour discuter des approches nouvelles de sécurité et sureté parce qu’elles sont au coeur des stratégies des entreprises.

La sécurité vis-à-vis du coût de la « non action »

Les deux dirigeants intervenus en introduction, MM. Frérot de Véolia et Oudéa de la société générale, ont placé la sécurité au coeur des enjeux vitaux de leurs entreprises. Le coût de la « non action » en termes de sécurité peut s’avérer considérable, voire dévastateur, selon M. Frérot. S’il est difficile de définir « un raisonnement économique solide » pour évaluer le ROI de la sécurité, « les raisonnements collectifs, les perceptions et les intuitions » sont à égard d’excellentes annuels très importants. Les deux dirigeants couplent par ailleurs sécurité et intelligence géopolitique. La fonction sécurité globale leur est directement rattachée.

La sécurité et les relations public-privé

Le Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a quant à lui d’emblée souhaité que la sécurité se pose désormais sur le terrain de la preuve. Il a introduit le concept de continuum de la sécurité depuis l’Etat, les entreprises jusqu’au citoyen. Les corps intermédiaires et partenaires de son ministère y ont toute leur place, les CCI étant cité notamment sur les actions de sécurité des commerces. Le Ministre de l’Intérieur est pleinement impliqué dans la conception de ce continuum associant sociétés privées de sécurité. Il s’est également positionné sur un registre résolument prospectif.


La sécurité, une exigence sociétale

La RSE2 désigne à la prise en compte des impacts de l’activité qu’une entreprise mène dans un environnement donné. Le lien entre sécurité et respect des normes sociétales révèle une importance capitale en termes d’images, de confiance et de transparence pour l’entreprise. Les clients, les collaborateurs, les produits et les marchés réclament tous de la sécurité. Donc il y a une forte exigence de sécurité parallèlement à l’aspect économique et commercial. Par exemple le cas de la protection des données personnelles (cas du RGPD par exemple) offre une bonne image à l’entreprise car elle crée de l’attractivité des talents et des consommateurs.
Cependant, la sécurité (protection contre toute malveillance) et la sureté (protection des installations) sont intrinsèquement liées. Par exemple dans sa présentation, Emile Perez Directeur de sécurité et de l’intelligence économique du groupe EDF explique qu’il faut nécessairement avoir une capacité d’anticipation des risques. C’est pourquoi EDF a mis en place une politique de sécurité partagée au sein d’elle-même et déployée au niveau de chacune de ses filiales. Pour le groupe, l’indicateur du niveau de sécurité se mesure par l’absence d’incident au sein des centrales nucléaires. Autrement dit, leur force repose sur la capacité permanente à anticiper les risques.
La notation également fournit aux entreprises les éléments d’informations pour éclairer leurs décisions stratégiques. Dans les critères de notation il y a la dimension sécurité de la RSE notamment sur les appels d’offre internationaux. Donc cette maitrise des risques est une opportunité pour créer de la croissance.

Comment optimiser le déploiement d'une politique sécurité ?

La politique de sécurité désigne la stratégie de l’entreprise en matière de sécurité de l’information ou des installations. Il n’y pas de règles uniques à tous, chaque entreprise définit sa politique de sécurité suivant sa particularité3.
La sécurité est l’élément de confiance. C’est une condition essentielle d’attractivité et donc de création croissance des entreprises. C’est une des raisons qui justifie la volonté affichée des autorités publiques, notamment à travers l’interview de Bruno Lemaire, ministre de l’économie et des finances qui affirme que la sécurité est un enjeu important parce qu’elle affecte tous les niveaux de tout domaine. En effet, il y a trois dimensions à sécuriser : les salariés d’abord, l’économique et les services (Cybersécurité) et la propriété intellectuelle (protection des brevets, licences, l’innovation dans les secteurs stratégiques, recherches duales, données médicales, contrats industriels, le patrimoine, etc.).
Aujourd’hui il y a une réelle volonté des entreprises et organisations professionnelles comme le MEDEF (173 000 entreprises membres) qui s’est engagée en créant un comité de sécurité pour les entreprises (chefs d’entreprise) et leur activités économiques (par exemple leur technologie, concurrence et innovation). Donc il faut une homogénéisation de la politique de sécurité à chaque site.


La sécurité, une rentabilité avérée

Sécurité et rentabilité sont deux éléments qui concourent au développement économique d’une structure. La sécurité est une résilience opérationnelle. C’est la première rentabilité en entreprise. C’est-à-dire sa capacité à se relever d’une attaque cyber ou d’un incident. A un certain niveau on voit que l’évaluation du niveau de sécurité est importante parce qu’elle permet d’avoir un regard sur l’efficacité et la portée d’un système de sécurité. Par exemple la SNCF forme et sensibilise les jeunes lycéens au sein des écoles sur les dangers associés aux passages de trains et aux signaux d’alarme à tort. L’étude réalisée pour évaluer cette mesure montre que les zones géographiques ayant bénéficié ces formations, connaissent moins de signaux d’alarme et peu de retards de trains. L’évaluation économique a coûté 200 millions d’euros à l’année à la SNCF selon le directeur général de e-SNCF, Benoît Tiers.

Une seconde étude réalisée par carrefour dans les centres commerciaux identifie quatre éléments qui affectent la sécurité sensationnelle à savoir l’éclairage, la présence d’agents de sécurité et le signalétique. Dans les 30 pays étudiés, 97% présentent des failles de sécurité liées au manque de ces éléments identifiés. L’étude conclue que le sentiment de sécurité est signe d’attractivité de clients consommateurs. Donc le coeur de la problématique de la sécurité est surtout de penser à un management de la sécurité par la valeur non par le coût car c’est la source d’attractivité.

La sécurité, un atout dans la concurrence

La sécurité est un atout business : la prise de risque est essentielle pour l’innovation et l’accès à de nouveaux marchés. Les services de l’Etat collaborent avec les entreprises notamment sur l’accès à l’information, l’accompagnement à l’international et à la protection du patrimoine.
Par exemple, la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) en charge de la protection des intérêts matériels et immatériels de la France avec fort focus sur le défensif, a désormais mis en place une démarche inclusive : produire des renseignements économiques au profit des entreprises. Sa nouvelle approche d’accompagnement c’est d’une part tisser d’abord des relations de confiance via des rencontres organisées, des rendez-vous personnalisés et d’autre part la rationalisation des missions de renseignements économiques c’est-à-dire se répartir les entreprises entre différents services de renseignements. L’enjeu central de la sécurité économique est la vulnérabilité du groupe de petites entreprises start up innovantes.
En outre, le constat de certains cabinets spécialisés en intelligence économique notamment ADIT (agence pour la diffusion de l’information technologique) spécialisé dans l’accompagnent d’entreprise à l’export, est que la protection d’actifs et d’intérêts nationaux est beaucoup plus importante que la dimension anticipation. Or cette dernière permet d’éviter toute attaque ou risque potentiel. Aujourd’hui face à un monde en forte mutation il faut nécessairement s’adapter à l’évolution de la menace. D’où l’intérêt de mener des actions coordonnées entre les services et les entreprises. Par exemple chez Renault il existe deux pôles « anticipation » et « sécurité économique » qui sont en charge de l’analyse approfondie des marchés et des nouveaux partenaires pour éclairer les décideurs. C’est pourquoi il est vital pour une entreprise d’avoir des capacités d’organisation et de communication sur la fonction sécurité.

Quels profils, quelles formations, quel champ de responsabilité pour une fonction sécurité efficace et opérationnelle ?

Pour la génération de manager en 2030, il y aura une grande interdisciplinarité et la sécurité sera transversale. Les fonctions par exemple de directeur de sécurité évoluent vers la gestion des systèmes d’information et de sécurité à cause du virage technologique rapide. Par exemple la Société Générale et Véolia ont intégré dans leur comité de direction un directeur de la sûreté. C’est pourquoi la confiance est un élément clés entre le décideur et le directeur de sécurité. Sur les postes sensibles et stratégiques il est important de savoir où va le collaborateur dès qu’il quitte l’entreprise pour une autre. Il faut aussi renforcer et anticiper les comportements des jeunes générations sur la protection de l’information et des données.

Le colloque s’est conclu sur la nécessité de développer une capacité d’ouverture au monde (veiller sur les nouvelles technologies, les enjeux géopolitiques, l’évolution de l’intelligence artificielle, etc.) et d’anticipation des mutations économiques et organisationnelles. Démarches sécurité, business et capacité d’anticipation s’alimenteront alors les unes les autres, au service de la croissance et de la compétitivité des entreprises.

Par Boubacar DIALLO (CCI France)
Apprenti chargé d’études et de mission d’intelligence économique

Contact : b.diallo@ccifrance.fr

 

1 : https://www.cdse.fr/colloque-annuel-2018-du-cdse-la

2 : https://e-rse.net/definitions/rse-definition/#gs.aPNzzuk

Crédit photo :  only.youqj

Boubacar DIALLO, 28 janv. 2019

Ceci devrait vous intéresser

0 Commentaires
Vous devez être connecté pour commenter Connexion